L’homme, le singe et le robot

Des chercheurs autrichiens de l’Université de Graz ontpermis à un homme paralysé de bouger un bras, desaisir un verre et de boire par la seule force de sa pensée.Attention, pour le moment, l’équipementnécessaire n’est pas des plus discrets mais cetteinterface “cerveau-ordinateur“ constitue une premièremédicale. Paralysé depuis 1998 suite à unaccident de natation, Thomas Schweiger ne pouvait plus bouger aucunmembre en dessous de la nuque. Dans un premier temps, lesscientifiques ont enregistré chaque encéphalogrammecorrespondant à une image mentale, comme saisir un objet,lever la main, etc. Cette première phase anécessité des mois d’entraînement dupatient pour que les signaux émis puissent êtreclairement isolés. Les mini-courants électriques ontété amplifiés via l’interface.Transformés en messages binaires, ces signauxcontrôlent des électrodes fixées sur le brasgauche de l’homme, qui stimulent les muscles de la main et del’avant bras. Très enthousiastes, les auteurs estimentque dans un futur proche des électrodes pourraientêtre directement implantées dans le cerveau.
Un futur plus proche encore depuis que des chercheurs du centremédical de l’Université de Duke (Etats-Unis)ont franchi cette étape sur deux singes. Le neurobiologisteMiguel Nicolelis a mis au point un système ingénieux.Armés d’une manette de jeux (joystick), les singesdevaient faire bouger une petite balle vers sa cible sur unécran vidéo. Auparavant, 96 électrodes chezl’un et 320 chez l’autre avaient étéimplantées dans les lobes frontaux et pariétaux ducerveau, zone contrôlant les mouvements musculaires. Chacunedes électrodes plus petites que le diamètred’un cheveu, transmet une activité traduite en langageinformatique qui permet de bouger un bras mécaniquearticulé, lui-même relié àl’écran. Privés de la manette, les singes ontcontinué à bouger leurs mains dans le vide avant dese rendre compte qu’il n’était pasnécessaire d’ajouter le geste à lapensée. Résultat : par la seule idée demouvement, les singes ont pu bouger la balle surl’écran et le bras mécanique vers une cibletout en restant immobile.
Publiées dans le premier numéro d’une nouvellerevue scientifique en ligne à but non lucratif, cesdécouvertes suscitent de très vifs espoirs pour lesparalysés. Dans un premier temps, ils pourraient permettrede développer des systèmes d’assistance(commande de robot, système ambulatoire) actionnéepar la pensée. La mise au point de système permettantde retrouver une autonomie n’est cependant pas pour demain,des mouvements complexes nécessiteraient un trop grandnombre d’électrodes.
Source : Communiqué del’université de Graz et de l’universitéde Duke
PloS Biology, vol.1;2 :pp.1-16

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