Non au dépistage organisé du cancer de la prostate !

Le PrPaul Perrin, ancien chef de service d’urologie et actuellement professeur des universités – praticien hospitalier aux Hospices civils de Lyon – Centre hospitalier Lyon-Sud, a appelé ses confrères spécialistes et généralistes à arrêter de prescrire des dosages du PSA, arguant du caractère préjudiciable d’un dépistage de masse du cancer de la prostate.

Le dépistage de masse du cancer de la prostate, plus préjudiciable que bénéfique.

Arrêtons de prescrire des dosages de PSA. On va faire bien plus de mal que de bien à la population !“, a lancé le spécialiste à la presse, en marge des Journées Internationales de Biologie organisées à Paris du 13 au 15 novembre 2013.La question de l’intérêt du dépistage de masse du cancer de la prostate n’est pas nouvelle, loin s’en faut (voir nos articles sur la question,

ici et

là), mais elle n’est visiblement toujours pas réglée et suscite toujours le débat malgré les avis négatifs de la Haute Autorité de la Santé*.Le PSA, un marqueur pas suffisamment spécifiqueA l’heure actuelle, le

cancer de la prostate est, en France, le 1er cancer masculin, avec 71 000 nouveaux cas par an. C’est également l’un des plus mortels, derrière les

cancers du poumon et

colorectaux.S’il n’existe pas précisément de marqueur spécifique du cancer de la prostate, le dosage d’une protéine, l’antigène spécifique de la prostate (PSA), sert d’indicateur aux médecins et peut les amener à poursuivre les examens médicaux s’il se révèle positif. Le problème, c’est que le taux sanguin de cette protéine peut s’élever en cas de cancer de la prostate, mais pas seulement : une infection (prostatite) ou une

hypertrophie bénigne de la prostate peuvent également provoquer une hausse. Et à l’inverse, un cancer de la prostate ne se manifeste pas toujours par une élévation du taux de PSA, qui peut rester tout à fait dans les normes.On ne sait pas distinguer les cancers agressifs des tumeurs latentesOr, aujourd’hui, on ne sait pas encore distinguer les cancers de la prostate agressifs, qui évolueront rapidement, des tumeurs latentes, qui mettront des années à évoluer, voire n’évolueront pas. En l’absence de marqueur capable de prédire cette évolution, il est plus préjudiciable de traiter un patient que de ne pas le traiter, affirme le Pr Perrin. Car en traitant de la même façon deux patients, “nous infligeons à celui dont le cancer n’évoluera pas ou peu une morbidité et une mortalité superflues“. Les biopsies peuvent se compliquer de saignements ou d’infections, tandis que l’ablation de la prostate entraîne dans un grand nombre de cas une incontinence urinaire et une impuissance.Pourtant, le dosage du PSA dans le cadre d’un dépistage du cancer de la prostate a fortement progressé au cours des dernières années, où il est passé de 2,7 millions en 2003 à 4,6 millions en 2010. Et c’est cette sur-prescription qui amène le Pr Perrin à réagir.Le surdiagnostic conduit à des traitements inutiles et risquésCe dernier distingue le dépistage individuel (pour lequel on devrait d’ailleurs parler de diagnostic précoce individuel, souligne-t-il), qui relève d’une décision propre à chacun, du dépistage organisé ou dépistage de masse, qui relève d’une décision de santé publique. Certains hommes, angoissés à l’idée de mourir d’un cancer de la prostate, pourront choisir de se faire dépister, explique le Pr Perrin. Il faut alors leur dire qu’à l’échelle de l’individu, le dosage du PSA a un bénéfice de 1 pour 1 000. Procéder à un tel dosage ne va donc pas changer la mortalité masculine liée à ce cancer, mais va en revanche engendrer des

sur-traitements (nombre de biopsies, d’opérations et d’irradiations doublé). “Des inconvénients non marginaux pour des bénéfices qui le sont“, souligne le spécialiste. “D’autres vont plutôt privilégier leur qualité de vie et adopter une attitude attentiste : s’il se passe quelque chose (symptôme, angoisse), ils s’en remettront à leur médecin qui, avec eux, décidera de la conduite à tenir (dosage ou non). Ils auront moins de biopsies, seront moins irradiés, mais auront alors un risque sur 1 000 de plus de mourir d’un cancer de la prostate“, poursuit le Pr Perrin.Et l’ancien chef de service d’urologie de conclure sa démonstration par le fait que l’adage selon lequel mieux vaut prévenir que guérir n’a plus lieu d’être aujourd’hui, dans le cancer de la prostate. “On doit changer de raisonnement“ et éduquer le patient mais aussi le corps médical à ce changement, estime-t-il. La tâche semble ardue, tant les hommes comme les médecins semblent convaincus de l’intérêt d’un dépistage de masse. Les choses pourraient toutefois changer dans les années à venir, si l’on en croit l’évolution du nombre de prostatectomies radicales réalisées en 2012, en baisse pour la première fois avec moins 3 000 actes réalisés.Amélie Pelletier*On rappelle que la Haute Autorité de Santé (HAS) s’est prononcée à deux reprises en défaveur du dépistage organisé du cancer de la prostate, invoquant l’absence de preuves scientifiques. A ce jour, les recommandations sont en faveur d’un dépistage du cancer de la prostate individuel et encadré pour éviter le surdiagnostic. Le dépistage doit donc se faire de manière éclairée, après discussion avec son médecin, en fonction des

facteurs de risque du patient et de son âge.
Source
Intervention du Pr Paul Perrin, PU-PH aux Hospices Civils de Lyon – Centre Hospitalier Lyon-Sud, ancien chef de service d’urologie, en marge des Journées Internationales de Biologie, 13-14-15 novembre 2013, Paris.Click Here: New Zealand rugby store

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