Cancer du côlon : vers une généralisation du dépistage

Avec 36 000 cas chaque année, le cancer du côlon est l’une des tumeurs les plus fréquentes en France… mais aussi l’une des plus meurtrières. Malgré l’utilité évidente d’un dépistage de masse, ce chantier reste en suspens. Fin mars, le Ministre de la santé évoque enfin sa généralisation.

Lorsqu’un cancer du côlon est diagnostiqué tôt,les chances de guérison approchent les 100 %. Pourtant, plusde la moitié des personnes victimes d’un cancer ducôlon décèdent des suites de cette maladie.C’est dire si les possibilités de dépistage sont troppeu utilisées. Mais le dossier est aujourd’hui sur le bureaudu Ministre de la santé.Un retard coupableAprès avoir déclaré un cancer colorectal enavril 2001, M. Delyfer, chirurgien-dentiste à Pau, engageune action en justice contre le Ministère de lasanté. Il accuse les autorités sanitaires d’inactionfautive, dans la mise en place du dépistage du cancercolorectal. Selon lui, l’Etat en avait pourtant les moyensdès 1999. Après s’être adressé sanssuccès au Ministre de l’époque Bernard Kouchner,l’affaire est finalement portée devant le Tribunaladministratif de Paris le 15 mars 2005.Le cancer du côlon est l’une des tumeurs les plusfréquentes avec 36 000 cas par an. Mais ce fléau estaccessible à un dépistage précoce fiable etpeu coûteux. En pratique, le dépistage repose sur ladétection de sang dans les selles tous les deux ans cheztous les hommes et les femmes âgées de 50 à 74ans, grâce au test HemoccultII ®. En cas de test positif,une coloscopie devra être effectuée. Pour lespersonnes présentant des risques particuliers(antécédents familiaux du cancer du côlon ou depolype de type adénome), une coloscopie pourrait êtreréalisée dès 45 ans. Recommandée parl’ancienne Agence nationale d’accréditation en santé,un tel programme permettrait de prévenir chaque annéejusqu’à 3 000 décès !Mais alors que l’utilité de ce dépistage est connuedepuis 1994, le dépistage n’est toujours pasgénéralisé à l’ensemble du territoirefrançais. Mais ce dossier pourrait être rapidementrelancé.Le Ministre de la santé s’engageEn 2003, Jacques Chirac lançait le plan cancer. Depuis,plusieurs dossiers ont avancé en matière deprévention, notamment la généralisation dudépistage du cancer du sein. Mais deux ans aprèsl’appel solennel du président de la République, ledépistage du cancer du côlon reste “àl’étude“.Mais le 19 mars 2005, le ministre de la santé PhilippeDouste-Blazy annonce, en marge du salon des pharmaciens Pharmagora,la généralisation “prochaine“ du dépistage ducancer colorectal. Après avoir rappeléqu’actuellement 23 départements pilotes ontdéjà mis en place un dépistageorganisé, le ministre a déclaré : “Je seraisamené dans les semaines qui viennent à annoncer lesmesures qui permettront d’aboutir à unegénéralisation et à une meilleure informationdes médecins et du public“. Actuellement, le Ministreconsulte les évaluations faites par l’Institut de Veillesanitaire sur les différents départements, rencontreassociations et sociétés savantes… Le groupe detravail en charge de ce dossier devrait très rapidementrendre sa copie et le Ministre annoncer le calendrier et lesmesures arrêtées pour ce projet. Mais la tâchen’est pas aisée, plusieurs points doivent êtreprécisés.Demain, quel dépistage ?Il ne suffit pas de disposer d’un test efficace pour garantir lesuccès d’un dépistage de masse. Lesdifférentes expériences départementales ontd’ailleurs montré leurs limites. Alors que le succèsd’un tel programme nécessite un taux de participationsupérieur à 50 %, cette mobilisation est rarementatteinte. Sur la vingtaine de départements qui ontinitié ce dépistage avec un remboursementintégral du test (dont la valeur est d’environ 4 euros),seule une poignée ont réussi à atteindre cettebarre fatidique : le Haut-Rhin, l’Ille-et-Vilaine, laSaône-et-Loire et la Côte D’or. Mais pour les autresdépartements, et même si tous nebénéficient pas du même recul, le taux departicipation est bien moins important.Alors que 5 à 7 millions de tests Hemoccult devraientêtre utilisés chaque année pour couvrir lesbesoins d’un dépistage national, les ventes n’ont atteintque 1,7 millions en 2004. Insuffisant certes, mais encourageant sil’on considère qu’elles n’étaient que de 500 000 paran jusqu’en 2002.Enfin, selon plusieurs sondages réalisés par lasociété Beckman France qui fabrique ces tests, sur100 tests vendus, moins de 50 aboutissent à undépistage réel. Le reste étant finalementnon-distribué par le médecin ou non-utilisépar le patient ou non-interprétable par le laboratoired’analyse…Problèmes logistiques, difficulté à mobiliserle corps médical et le grand public… Le dépistagedu cancer colorectal pourrait bien relever du travail d’Hercule.Mais le jeu en vaut la chandelle : chaque année 16 000personnes décèdent des suites de cette maladie.David BêmeLes grandes dates d’un dépistage enattente…1994 : un rapport demandé par le gouvernement auprofesseur Gérard Dubois souligne l’impact réel d’unegénéralisation du dépistage sur laréduction de la mortalité par cancer colorectal.1996 : Deux études internationales, publiéesdans le Lancet en novembre 1996, confirment une diminution de lamortalité par cancer colorectal grâce audépistage.La Caisse Nationale d’Assurance Maladie décide la fin dufinancement du programme pilote de dépistage conduit dansplusieurs régions en décembre 1996.1997 : Un nouveau rapport d’experts confirmel’intérêt du dépistage sur la réductionde la mortalité par cancer du côlon.1998 : Une Conférence de Consensus menée parl’Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation enSanté rapportait encore l’utilité d’undépistage de masse.Reprise des expériences pilotes dans 3 départementsavec un élargissement progressif.Annonce par le Directeur général de la santé,Joël Ménard, de la prochainegénéralisation du dépistage. Ildémissionnera quelques mois plus tard.1999 : Lors du Congrès européen deGastro-entérologie à Vienne, lesgastro-entérologues appellent les gouvernementseuropéens à engager une politique de dépistagede masse.Le professeur Jean FAIVRE publie une étude démontrantune réduction de la mortalité en populations enFrance : de 15 à 18 % en 8 ans de dépistageorganisé utilisant l’Hémoccult avec une participationde 50 % de la population.2001 : Publication de l’arrêté qui étendles programmes pilotes à 12 nouveaux départements -élargissement effectif l’année suivante2002 : Fin 2002, 23 départements participent àdes programmes pilotesLe ministre de la santé Bernard Kouchner annonce unegénéralisation du dépistage d’ici 2003.Après avoir déclaré un cancer colorectal enavril 2001, M. Delyfer, chirurgien-dentiste à Pau, engageune action en justice contre le Ministère de la santécoupable à ses yeux d’une “inaction fautive dans la mise enplace d’un dépistage du cancer organisé du cancercolorectal en France“.2003 : Lancement du plan cancer2005 : Première audience au tribunal administratif deParis du procès de M. DelyferLe ministre de la santé Philippe Douste-Blazy annonce laprochaine généralisation du dépistage.Click Here: Fjallraven Kanken Art Spring Landscape Backpacks

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