Contraception : le sur-risque thromboveineux existe aussi pour le patch et l'anneau vaginal

Si les pilules combinant des estrogènes à des progestatifs de 3èmegénération doublent le risque d’accidents thromboemboliques par rapport aux pilules dites de 2ème génération, qu’en est-il des contraceptifs non oraux à base de ces mêmes hormones? Pour le Dr Elisabeth Paganelli, secrétaire générale du Syngof, cette question est cruciale. Outre le risque d’assister à un bond des grossesses non désirées (et, par conséquent, des IVG) par abandon de la pilule, nombre de femmes risquent de se reporter sur d’autres modes de contraception aux risques mal évalués.

Le sur-risque thromboveineux existe aussi pour les patchs hormonaux et l'anneau vaginal

Alors que le ministère de la Santé vient de prendre en considération les sur-risques d’accidents thromboemboliques auxquels exposent les

pilules combinées de 3ème génération et décidé de dérembourser ces contraceptifs oraux à partir de mars 2013, la question de l’innocuité des autres modes de contraception à base d’hormones n’a pas été soulevée.Qu’en est-il des patchs, des implants, de l’anneau vaginal, des stérilets ?Pourtant, ce risque existerait bel et bien. Selon une étude danoise publiée en mai 2012 dans la revue British Medical Journal (BMJ)*, les femmes sous

contraceptif oral combiné (pilule contenant à la fois un estrogène et un progestatif), dont le progestatif est le lévonorgestrel, ont un risque thromboveineux multiplié par trois par rapport aux femmes sans contraceptif hormonal. Chez les femmes utilisant un

anneau vaginal, ce risque est multiplié par 6,5, tandis qu’il est multiplié par 8 chez celles qui ont recours au

patch transdermique.En revanche, les contraceptifs à base de progestatifs seuls, tels que certains dispositifs intra-utérins (le

stérilet Mirena) ou les

implants sous-cutanés ne confèrent aucun sur-risque, affirme le Dr Øjvind Lidegaard, professeur d’obstétrique et de gynécologie à l’université de Copenhague (Danemark), qui a dirigé les travaux auprès de milliers de Danoises entre 2001 et 2010.Pourquoi l’État ne communique-t-il pas sur les sur-risques des autres modes de contraception ?Pour le Dr Elisabeth Paganelli, les sur-risques thromboveineux attribués au patch EVRA et à l’anneau Nuvaring n’ont rien de surprenant, dans la mesure où ils ont la même composition hormonale que les pilules pointées du doigt pour le sur-risque thromboveineux auquel elles exposent. C’est pourquoi le Syngof dont elle est la secrétaire générale s’interroge sur le silence des autorités sanitaires à ce propos. “On attend que l’État dise les risques avec l’anneau et avec le patch, car ces contraceptifs contiennent aussi de l’éthinylestradiol et des progestatifs de 3ème génération“, indique-t-elle à Doctissimo.D’après la présidente du Syngof, “l’État répond à la problématique d’une association (AVEP, l’Association des Victimes d’Embolie Pulmonaire, qui a porté

l’affaire de Marion Larat devant les tribunaux, ndlr), mais pas à la problématique dans son ensemble“. “On va peut-être avoir des femmes qui vont arrêter leur pilule et la remplacer par un autre mode de contraception“ sans en connaître les sur-risques, redoute-t-elle.Aucune communication sur l’absence de sur-risque des pilules avec progestatif seulLa Secrétaire générale du Syngof déplore également l’absence de communication des autorités sanitaires sur les pilules de 3ème génération et les contraceptifs non oraux ne contenant que des progestatifs et qui ne présenteraient pas de sur-risque cardiovasculaire. “S’il n’y a pas d’estrogènes, il n’y a pas de sur-risque reconnu de thrombose veineuse“, affirme Elisabeth Paganelli. Et cette dernière de citer les micropilules telles que

Cérazette, l’implant contraceptif ou encore le dispositif intra-utérin

Mirena, qui conférerait même un effet protecteur, selon l’étude danoise.Comment expliquer le “succès“ des pilules dites de 3ème génération ? “Le risque thromboveineux est associé aux estrogènes. Tout le monde pensait qu’en diminuant les taux d’estrogènes ont diminuerait ainsi ces risques, mais ça n’a pas été le cas“. Par ailleurs, ajoute la gynécologue de Tours, “il s’est avéré que les progestatifs de 3ème génération étaient eux aussi associés à plus de risques“.S’exprimant au nom du Syngof, Elisabeth Paganelli demande donc aux autorités sanitaires de “mettre à jour les recommandations faites en 2004 par la HAS, qui prennent en compte l’ensemble des moyens contraceptifs“ afin de permettre aux gynécologues de privilégier ceux présentant le moins de risques. Et incite ardemment le ministère de la Santé de changer le message de sa dernière campagne d’information sur la contraception, selon lequel “la meilleure contraception, c’est celle que la femme choisit“. Il semblerait en effet que ce ne soit plus le cas…Amélie Pelletier
Sources
– Interview téléphonique du Dr Elisabeth Paganelli, secrétaire générale du Syngof, le 15 janvier 2013.- *“

Study adds to evidence on clot risks of non-oral contraceptives“, Øjvind Lidegaard, professeur d’obstétrique et de gynécologie à l’université de Copenhague (Danemark), British Medical Journal, mai 2012.

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