Ces dernières années, l’homme aux 1500 films X et aux 5000 partenaires, comme le présente le documentaire qui lui est consacré, Rocco (en salles, le 30 novembre) a traversé une véritable crise. Entre culpabilité et pulsions, ce père de famille a dû affronter ses démons.
Dans les salons feutrés de l’hôtel Costes, à Paris, Rocco Siffredi, cinquante-deux ans, parle d’emblée du pire ennemi auquel il a dû se confronter : lui-même. Grave, comme dans Rocco, le documentaire coréalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai, c’est son âme que l’acteur met cette fois à nu. Marié, père de deux fils, à quarante ans, il avait voulu arrêter le porno. Contre toute attente, ce choix l’avait entraîné dans des tourments, des errements, réveillé des démons intérieurs…
Gala : Comment analysez-vous ce profond malaise que vous avez traversé ?
Rocco Siffredi : Il m’a ramené à un cauchemar que je faisais enfant. Un de mes frères – on était six enfants – est mort quand il était petit des suites d’une crise d’épilepsie. Pendant quatre, cinq ans, j’ai vu ma mère terriblement malheureuse. J’aurais fait n’importe quoi pour prendre sa douleur, rendre sa vie plus joyeuse, ce qui signifiait avoir quelques lires à mettre sur la table. Mon père travaillait, mais cantonnier, ça rapportait peu. Une nuit, j’ai rêvé qu’une sorte de diable s’approchait et me disait : « Si tu viens vers moi, je t’aiderai à devenir quelqu’un et tu pourras aider ta mère. » Ce cauchemar m’a poursuivi toute l’adolescence. Quand j’ai commencé à travailler comme pornostar, ça a continué, sauf que le diable que j’essayais de repousser ajoutait : « C’est trop tard ! » Je pense que c’était lié à la confusion entre ce qu’on m’a appris – j’étais enfant de chœur, la religion m’enseignait que la sexualité ne devait se vivre que dans le mariage – et cet autre côté de moi qui est très sexe, très libre – vers onze-douze ans, j’avais déjà une libido explosive.
Gala : Avez-vous ressenti de la culpabilité ?
R. S. : Oui, mais par rapport à mon épouse uniquement. Jamais envers l’Eglise ou mes parents. (…)
Gala : A quarante ans, vous aviez décidé d’arrêter le porno. Pourquoi ?
R. S. : Je commençais à me sentir mal. Par rapport à mes gosses aussi. Mais je n’avais pas mesuré à quel point j’étais dépendant du sexe. C’est une réelle addiction qui m’a poussé à faire des choses horribles. C’était obsessionnel. J’étais capable de tout lâcher, même un jeu avec mes fils, pour aller trouver du sexe sur Internet. Jeunes, vieilles, trans, tout ! Après, j’allais courir, je rentrais à la maison, j’attrapais mes enfants qui dormaient comme des anges et retrouvais ma femme qui me regardait l’air de dire : « O.K., tu as disparu encore une fois… » C’était terrible. Je voyais les miens et je me demandais : « Pourquoi je fais ça ? Est-ce que je mérite cette famille ? » Tout ça m’a doucement détruit de l’intérieur.
(…)
Gala : Comment avez-vous rencontré Rosa ?
R. S. : Je faisais un casting pour un film, j’ai vu un Polaroïd d’elle. On m’a expliqué alors qu’elle n’était pas une actrice porno, mais Miss Hongrie. J’ai insisté pour la rencontrer. Je lui ai proposé d’être hôtesse pour distribuer des flyers lors d’un Festival de Cannes. Après, je devais tourner un remake de Bodyguard, et la fille qui jouait le rôle de Whitney Houston a raté son avion. Du coup, j’ai proposé à Rosa de la remplacer. Elle a accepté à une seule condition : qu’elle n’ait de scène de sexe qu’avec moi. On ne l’a fait qu’une fois.
Gala : Comment vos fils Lorenzo, vingt ans, et Leonardo, dix-sept ans, vivent-ils cette situation ?
R. S. : En Italie, quand tu es une pornostar, tu es un superhéros. En Hongrie, où ils sont scolarisés, la mentalité est différente, tout le monde sait ce que je fais et s’en moque. Mes gosses ont cette chance. Et puis je leur ai toujours parlé de mon boulot.
(…)
Retrouver l’intégralité de l’interview et les photos de Rocco Siffredi en famille dans le magazine Gala, en kiosque le 23 novembre 2016.
Crédits photos : Bureau 233/ Getty
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