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A mesure que la grippe aviaire progresse dans le monde, le risque de voir le virus muter et provoquer une pandémie mondiale augmente. Face à une telle menace, plusieurs laboratoires s’attellent à développer un vaccin efficace.
Rien ne prouve actuellement que le virus aviaire va demain muter en un virus humain, capable de provoquer une pandémie. Néanmoins, le risque est réel et pour la première fois, le monde a décidé de se préparer à un tel fléau. L’arme ultime est sans conteste un vaccin efficace. Seul hic : le délai de fabrication…
Une course contre la montre
Issu d’Asie, le virus aviaire H5N1 infecte actuellement de très nombreux oiseaux et quelques humains, qui ont été en contact étroit avec ces animaux. Il est possible que ce virus mute en une souche capable de se propager d’homme à homme, causant ainsi une nouvelle pandémie. Face à une telle menace, le principal enjeu est de créer le plus rapidement possible un vaccin prophylactique, qui empêchera la propagation de l’infection.
La compagnie Sanofi-Pasteur a récemment annoncé la commande par le gouvernement américain d’une grande quantité de dose d’un vaccin prototype dit “prépandémique“ pour un montant de 150 millions de dollars. Dirigé contre le virus aviaire actuellement observé en Asie, ce vaccin pourrait être utilisé pour protéger d’une part les professionnels de santé qui traiteraient les personnes malades en provenance d’Asie, d’autre part les professionnels en contact avec un élevage français touché par le virus actuellement en circulation en Asie. En cas de pandémie, il ne serait cependant efficace que si le nouveau virus se révèle suffisamment proche du virus actuellement connu (H5N1).
Les techniques de fabrication du vaccin
Plusieurs techniques de fabrication sont actuellement étudiées pour produire au plus vite et avec le maximum de sécurité le plus grand nombre de vaccins.
– Utilisée pour la fabrication des vaccins contre la grippe saisonnière, la méthode traditionnelle utilise la culture du virus sur des oeufs fécondés. Le virus s’y multiplie, avant d’être recueilli, purifié et tué chimiquement pour fabriquer le vaccin. Mais cette technique se heurte à un nouveau problème : le virus est hautement pathogène et mortel pour les volailles, et donc pour les fragiles embryons contenus dans les oeufs. Une préparation préalable est donc nécessaire : un bricolage génétique qui va ôter au virus ces caractéristiques pathogènes tout en conservant ses autres caractéristiques. C’est ce nouveau virus (dit virus chimère) qui sera ensuite mis en culture et produira les antigènes tant recherchés. Si ce procédé bénéficie d’un recul de près de cinquante ans, il a le désavantage d’être lent et de nécessiter de fortes doses d’antigènes pour déclencher une réponse du système immunitaire (la production d’anticorps). Quatre à six mois seront nécessaires entre l’identification de la souche pandémique et la distribution de la première dose de vaccin. Cette technique peut être améliorée grâce à l’ajout d’un adjuvant – un composé chimique comme l’hydroxyde d’aluminium -capable de booster la réponse immunitaire. La dose de vaccin efficace pourrait alors être moins importante. Les fabricants produiraient ainsi plus de doses dans le même délai, qui cependant reste de 4 à 6 mois ;
– En cas de pandémie, la vaccination d’un milliard de personnes nécessiterait la culture préalable de plus de 4 milliards d’oeufs. Malgré l’assurance des fabricants, certains experts craignent une pénurie. Une autre technique propose de remplacer les oeufs par des cultures in vitro de cellules animales. Si elle permet de limiter le temps de culture, cette technique nécessite le stockage en grande quantité de cellules animales (comme des cellules canines de reins). Une stratégie coûteuse initiée par quelques laboratoires et universités américaines ;
– Plus futuriste, la recombinaison génétique vise à intégrer des bouts inoffensifs d’ADN du virus pandémique dans un banal virus du rhume. Cet assemblage permet la production d’antigènes par l’organisme qui seront efficaces en cas d’infection par “le vrai virus“. Deux équipes américaines indépendantes ont obtenu des résultats très intéressants en vaccinant efficacement des souris et des poulets(1,2) contre la grippe aviaire H5N1. Outre l’efficacité de cette technique, c’est surtout le délai de fabrication qui impressionne : seulement 36 jours !
– Dernière piste, des vaccins ADN court-circuitent les processus traditionnels de vaccination. Habituellement, l’injection d’un virus inactivé ou d’une protéine inactive du virus va induire la production d’anticorps efficaces contre le “vrai virus“. Mais cette nouvelle approche se borne à injecter une portion d’ADN contenant l’information d’une protéine du virus (plutôt que le virus lui-même) rattaché à une particule microscopique d’or. Injecté dans le corps par un pistolet électrique à air comprimé, l’ADN se sépare de la particule d’or. Il est alors converti en protéines qui vont induire la production d’anticorps. Le mode d’administration (pistolet au lieu de seringue) permettrait de gagner du temps en cas de vaccination de masse (moins de manipulation, moins de formation nécessaire à son utilisation). La petite société Powdermed a présenté des résultats encourageants bien que très préliminaires en décembre 2005(3).
Malgré tous ces progrès, on ne sait combien de mois seront nécessaires à une production de masse de tels vaccins, ni qui seront les premiers bénéficiaires (la population des pays producteurs ou les pays plus exposés du Tiers Monde), ni si les antiviraux permettront de faire face à une pandémie en attendant l’arrivée des premières doses… Toutes ces questions pourraient rapidement devenir cruciales. En septembre 2005, l’Organisation mondiale de la santé estimait que si l’épidémie intervenait aujourd’hui, la production actuelle d’antiviraux et de vaccins ne permettrait de couvrir les besoins que de 2 à 10 % de la population…
David Bême
1 – Lancet 2006 Feb 11 ;367(9509) :475-812 – J Virol. 2006 Feb ;80(4) :1959-643 – Results of Phase 1 Clinical Trial Presented at the Interscience Conference on Antimicrobial Agents and Chemotherapy (ICAAC), Washington, USA on the 17th December 2005Click Here: racing club camiseta